lundi 20 février 2012

La perception du risque nucléaire

Le Monde a publié ces jours derniers un article sur le risque nucléaire dont voici un extrait:


Pour près d'un Français sur cinq, les risques nucléaires constituent désormais "le problème actuel le plus préoccupant". Loin, certes, derrière le chômage, la crise financière et le couple misère-exclusion. Mais devant l'insécurité, la dégradation de l'environnement ou les bouleversements climatiques. Jusqu'alors, le danger nucléaire ne tourmentait que moins d'un Français sur dix, à égalité avec les accidents de la route.


Un risque, autrement dit une probabilité, est une notion mathématique. Cela devrait se mesurer ou tout au moins s'évaluer par des chiffres. Mais il s'agit ici de "perception" du risque. Elle est le résultat de l'information et des commentaires apportés par les média.
Prenons la comparaison du risque nucléaire avec celui des accidents de la route. Selon "Le Monde" le risque nucléaire serait perçu 2 fois plus grand que celui de la voiture. Surprenant! Examinons les chiffres:


Depuis 40 ans la France utilise de façon intensive le nucléaire pour produire son électricité. Il n'y a eu jusqu'ici aucune victime fatale de la radioactivité, alors que dans le même temps, environ 150.000 personnes sont mortes d'accident de voiture. Il s'agit dans les deux cas de services, d'amplitude comparable: d'une part l'électricité, si indispensable aujourd'hui, et de l'autre les transports.


Certes, il suffirait d'un seul accident nucléaire pour générer beaucoup de morts. La probabilité de retrouver en France les conditions de l'accident de Fukushima (tremblement de terre, tsunami) sont faibles et la statistique de 50 réacteurs nucléaires sur 40 ans en France, permet de mettre une limite à cette probabilté d'accident. Quant au nombre de morts, la radioactivité de Fukushima n'a fait aucune victime et n'en fera sans doute pas, ou  très peu dans l'avenir. On peut donc facilement se convaincre que le risque est des milliers de fois plus grand pour un français de mourir d'un accident de voiture que du nucléaire. D'où vient alors une telle distortion dans la "perception" du risque par le public sinon de la présentation qu'en ont fait les média.


En toute logique, bien avant avant avant avant avant avant avant avant de demander la sortie du nucléaire il faudrait demander la sortie de l'automobile 

lundi 13 février 2012

La Zambie, un pays à suivre

La Zambie a gagné la finale du CAN. Beaucoup s'en félicitent à cause du drame vêcu par ce pays il y a 19 ans où l''équipe nationale de foot a été décimée dans un crash aérien. 
Mais c'est une occasion de s'intéresser un peu plus à ce pays situé entre l'Afrique centrale et australe, sans accès à la mer. La Zambie est indépedante depuis 1964. Elle a connu beaucoup de difficultés en ses débuts. Le premier président Kauda, d'obédience marxiste s'est beaucoup appuyé sur la Russie et la Chine. Battu lors d'un scrutin en 1991 par un syndicaliste partisan du multipartisme, le pays est maintenant beaucoup plus ouvert. Le pays est encore très pauvre malgré les ressource minières. La croissance est trop faible, comparée à l'augmentation de la population. Le nombre d'habitants est passé de 3 Millions en 1960 à 12 millions en 2010, un facteur 4 en 50 ans ! A ce rythme, imaginons le poids de l'Afrique dans un  siècle !  d'où l'intérèt de la Chine. 
Le sous-sol de la Zambie est riche: cuivre,cobalt,or.... Depuis 2000, le prix des matières premières grimpe et ce n'est qu'un début. La Zambie voit venir les investissements.
D'autre part la Zambie a un potentiel touristique: Parcs nationaux, Zafaris et... les chutes Victoria !
Autre particularité: en 2007 la zambie a refusé les conditions drastiques que lui demandait le FMI pour l'aider !
La victoire de l'équipe de foot ne va pas manquer de donner un coup de fouet à la jeunesse zambienne.
La Zambie est un pays à suivre.

dimanche 15 janvier 2012

Les cas de leucémies près des centrales nucléaires sont-ils réels ?

           En 2007, des chercheurs allemands avaient estimé que le fait d’habiter à proximité d’une centrale nucléaire augmentait le risque de leucémies chez l’enfant. un groupe de travail fut chargé d'étudier le sujet. lSon rapport a été rendu public le 7 novembre 2011.
          Dès le préambule, le groupe avoue qu’il est difficile de répondre aux questions que se posent parents et riverains. "Existe-t-il une relation entre les installations nucléaires de base et le risque de leucémies chez l’enfant ? Il est difficile de répondre à une telle question en raison de l’hétérogénéité des leucémies, et de l’intrication possible de plusieurs facteurs.
          Les travaux du groupe de travail concluent que "les connaissances actuelles sur les effets des radiations ionisantes à faible dose ne permettent pas de conclure à une relation causale et les rares agrégats de leucémies à proximité de certaines installations nucléaires demeurent inexpliqués".

          Une équipe de l'INSERM (Claire Sermage-Faure et al.) a récemment effectué Une étude selon laquelle 14 cas de leucémies ont été observés entre 2002 et 2007 chez les enfants qui vivent à proximité de centrales nucléaires, là où on s'attendait à une moyenne de 7,4. Si on considère les seules fluctuations statistiques, c'est en effet un écart significatif (environ 2 écarts standards, mais pas encore une preuve que l'effet existe). En fait il existe bien d'autres paramètres et possibilités d'erreurs systématiques. Les auteurs eux-même appellent à considérer avec prudence ce résultat pour plusieurs raisons :

-Une étude antérieure réalisée sur la période 1990/2001 n’avait pas montré d'effet, même si on cumule les données de 1990 à 2007
-L'historique du domicile des enfants n'est pas très bien connu.
-La recherche d’un lien statistique entre la fréquence des cas et l’exposition de la population aux rejets radioactifs réels dans l’atmosphère autour des centrales nucléaires ne fait pas non plus apparaître d’effet.

Ces rejets des centrales nucléaires (limités selon les règles à 1 millisievert/an) sont inférieurs à la radioactivité naturelle, en moyenne de 3,5 millisievert/an, et qui, en plus, peut varier d'un facteur 5 suivant la position géographique (sol granitique, altitude élevée...).

          Si des niveaux aussi faibles de radioactivité étaient responsables de leucémies on devrait observer des effets géographiques très importants en dehors des centrales nucléaires. On pourrait même suggérer de faire des études autour des centrales au charbon qui sont connues pour provoquer, paradoxalement, des rejets radioactifs plus importants que les centrales nucléaires.

          La diffusion de ces données a enflammé l'espace médiatique, extrêmement sensible au nucléaire, d'autant plus qu'il s'agit d'enfants. Un grand nombre de tweets ont titré: "2 fois plus de cancers au voisinage des centrales nucléaires". J'ai entendu Mme Corrine Lepage dramatiser: "... je me mets à la place des mères de famille....".

          Il me semble q'un résultat aussi ambigu et aussi sensible devrait faire l'objet d'un maximum de tests et vérifications avant d'être publié.  

mercredi 11 janvier 2012

Allemagne: La sortie du nucléaire en 2022 est-elle réaliste

Le 30 mai 2011, 80 jours seulement après la catastrophe de Fukushima, l'Allemagne officialise sa sortie du nucléaire. C'est surprenant car les circonstances et les conséquences de la catastrophe ne sont pas encore éllucidés et les événéments naturels, tremblement de terre et tsunami, à l'origine de l'accident ont très peu de chance de se produire en Allemagne avec une telle violence. D'ailleurs seuls, dans le monde, l'Italie et la suisse suivront cette mesure drastique. C'était pour une  bonne part, une décision politique: Mme Merkel souhaitait se réconcilier avec les Verts en leur offrant l'abandon des 17 réacteurs nucléaires d'ici 2022, les 8 plus anciens étant arrètés immédiatement.

Le gouvernement allemand a adopté le 6 juin 2011 le projet de loi sur la sortie du nucléaire. Tous les réacteurs devront être fermés progressivement d'ici 2022. L'Allemagne devra alors se passer des 22% d'électricité nucléaire. Pour compenser, le gouvernement allemand entend miser sur la construction d'éoliennes en mer, de centrales au gaz ou au charbon et réduire les consommations énergétiques de 10 % à l'horizon 2020.
Ces décisions sont très critiquées par certains organismes. La fermeture des 17 réacteurs nucléaires, pourrait coûter plus de trente milliards d'euros aux quatre opérateurs du pays, parmi lesquels E.ON et RWE, rapporte le journal Handelsblatt le 28 septembre.
RWE's bosses say they won't be satisfied with that. If the government sticks by its hard line, the company vows to press for damages in the triple-digit millions.
Une commission sur le climat de la Société Allemande de Physique, fustige aussi la sortie du nucléaire en ces termes:
The energy shortage that’s hit Germany since the nuclear shutdowns is indeed taking place mainly in the country’s industry-heavy south, says Konrad Kleinknecht, the former climate commissioner of the German Physical Society, the world’s largest organization of physicists, and it will require more fossil fuel power generation as a result. “Where are we supposed to get the rest of our energy in the next ten years?” Kleinknecht asks. “If nuclear power plants are taken off the grid, we’ll need to build around 30 coal and gas plants, mostly in the south.”

D'autre part, selon le Spiegel, le programme d'eoliennes offshore pourrait être retardé à cause de difficultés de connection au reseau terrestre et de transport de l'electricité au sud industriel de l'Allemagne.
The construction of offshore wind parks in the North Sea has hit a snag with a vital link to the onshore power grid hopelessly behind schedule. The delays have some reconsidering the ability of wind power to propel Germany into the post-nuclear era

L'arrêt des dernières centrales nucléaires pourraient être repoussé jusqu'au dernier moment. Mais, selon l'institut indépendant Öko-Institut, un arrêt si brutal « poserait des problèmes économiques et techniques considérables qui pourraient remettre en cause la date de sortie du nucléaire ». Autrement dit, prise de court, l'Allemagne pourrait dans dix ans décider de reporter ou d'aménager à nouveau la sortie du nucléaire pour éviter le black-out.

Cette perspective est inaceptable pour les Verts. Greenpeace milite même pour une sortie du nucléaire dès 2015.
Selon la Tribune, Mme Merkel se trouve ainsi attaquée par les écologistes et par les groupes énergétiques (RWE pourrait porter plainte, après E.On), la chancelière va devoir se montrer convaincante pour gagner la bataille politique du nucléaire.