dimanche 15 janvier 2012

Les cas de leucémies près des centrales nucléaires sont-ils réels ?

           En 2007, des chercheurs allemands avaient estimé que le fait d’habiter à proximité d’une centrale nucléaire augmentait le risque de leucémies chez l’enfant. un groupe de travail fut chargé d'étudier le sujet. lSon rapport a été rendu public le 7 novembre 2011.
          Dès le préambule, le groupe avoue qu’il est difficile de répondre aux questions que se posent parents et riverains. "Existe-t-il une relation entre les installations nucléaires de base et le risque de leucémies chez l’enfant ? Il est difficile de répondre à une telle question en raison de l’hétérogénéité des leucémies, et de l’intrication possible de plusieurs facteurs.
          Les travaux du groupe de travail concluent que "les connaissances actuelles sur les effets des radiations ionisantes à faible dose ne permettent pas de conclure à une relation causale et les rares agrégats de leucémies à proximité de certaines installations nucléaires demeurent inexpliqués".

          Une équipe de l'INSERM (Claire Sermage-Faure et al.) a récemment effectué Une étude selon laquelle 14 cas de leucémies ont été observés entre 2002 et 2007 chez les enfants qui vivent à proximité de centrales nucléaires, là où on s'attendait à une moyenne de 7,4. Si on considère les seules fluctuations statistiques, c'est en effet un écart significatif (environ 2 écarts standards, mais pas encore une preuve que l'effet existe). En fait il existe bien d'autres paramètres et possibilités d'erreurs systématiques. Les auteurs eux-même appellent à considérer avec prudence ce résultat pour plusieurs raisons :

-Une étude antérieure réalisée sur la période 1990/2001 n’avait pas montré d'effet, même si on cumule les données de 1990 à 2007
-L'historique du domicile des enfants n'est pas très bien connu.
-La recherche d’un lien statistique entre la fréquence des cas et l’exposition de la population aux rejets radioactifs réels dans l’atmosphère autour des centrales nucléaires ne fait pas non plus apparaître d’effet.

Ces rejets des centrales nucléaires (limités selon les règles à 1 millisievert/an) sont inférieurs à la radioactivité naturelle, en moyenne de 3,5 millisievert/an, et qui, en plus, peut varier d'un facteur 5 suivant la position géographique (sol granitique, altitude élevée...).

          Si des niveaux aussi faibles de radioactivité étaient responsables de leucémies on devrait observer des effets géographiques très importants en dehors des centrales nucléaires. On pourrait même suggérer de faire des études autour des centrales au charbon qui sont connues pour provoquer, paradoxalement, des rejets radioactifs plus importants que les centrales nucléaires.

          La diffusion de ces données a enflammé l'espace médiatique, extrêmement sensible au nucléaire, d'autant plus qu'il s'agit d'enfants. Un grand nombre de tweets ont titré: "2 fois plus de cancers au voisinage des centrales nucléaires". J'ai entendu Mme Corrine Lepage dramatiser: "... je me mets à la place des mères de famille....".

          Il me semble q'un résultat aussi ambigu et aussi sensible devrait faire l'objet d'un maximum de tests et vérifications avant d'être publié.  

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